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La paternité imposée

06 novembre 2023
La paternité imposée La paternité imposée [© Christian Drouet / STUDIO CREATIVE PARTNER]

Lucie a décidé de violer un homme. Elle va lui faire un enfant dans le dos. Le consentement masculin ? Elle s’en fiche. Selon elle, les hommes n’ont pas leur mot à dire. Ils sont là pour payer la pension alimentaire, rien d’autre. Après des années de relations avec des hommes qui refusent de s'engager et qui ne la rappellent jamais, Lucie a décidé de se venger.


Temps de lecture : 9 min

Lucie n’a pas toujours été en colère contre les hommes, elle a d’abord été la gentille, la bonne poire, la jolie fille qui dit toujours oui à ces messieurs. Elle les rendait tous fous, tous la désiraient, tous la voulaient pour une nuit ou deux, mais pas plus.

Lucie était sexy.

Elle était de celles qui font tourner les têtes, qui attirent tous les regards, qui suscitent les fameux : « Hé mademoiselle, viens voir ! » ou encore les « Je vous offre un verre ? ».

Lucie aimait les hommes. Malheureusement pour elle, son immense besoin d’amour et d’affection la rendait naïve au point de croire aux petites attentions « désintéressées » des hommes « déconstruits ». Elle croyait aux belles paroles des « doux romantiques ». Elle faisait même confiance à ceux qui lui promettaient d'être « toujours là pour elle » ou qui lui apporteraient marriage, maison et famille.

A chaque fois, elle croyait tomber sur le bon. Elle était prête à tout pour celui qu’elle voyait déjà lui passer la bague au doigt. Malheureusement pour elle, les hommes la désiraient suffisamment pour coucher avec elle, mais pas assez pour la rappeler le lendemain.

La cruche.

La vérité, c’est que, jamais ils ne la rappelleraient, jamais ils ne l’épouseraient, jamais ils ne la respecteraient, et jamais, au grand jamais, ils ne lui feraient des enfants. Ces messieurs ne la trouvaient tout simplement pas assez jolie pour ça.

Pourtant, elle en faisait des efforts pour être belle ! Elle faisait tout ce qu’il fallait. Elle avait certes, quelques kilos en trop, mais pas tant que ça finalement. Oui, elle avait des formes, c’est vrai, mais là où il le fallait.

Lucie était une « Pick me », celle qui veut être choisie.

Elle obéissait à toutes les invectives de la société qui poussent les femmes à ressembler à des objets sexuels. Les régimes, les exercices, les coiffures, le maquillage, la mode, les comportements sexy, elle avait 20 sur 20.

Pour les hommes, ça ne suffisait pas. Elle n’était jamais assez bien. Au mieux elle passait pour la bimbo écervelée, au pire pour la fille facile sur qui tout le monde passe. Elle était celle qu’on appelle quand on a besoin de tirer un coup.

Ils avaient tous les mêmes pensées salasses quand ils la reluquaient de haut en bas. Ils voyaient son corps, ses formes, ses mensurations et certainement pas sa personnalité. Elle n’était pas quelqu’un avec qui on parle, mais plutôt quelque chose avec lequel on s'amuse.

Quand ses amies tentaient de la protéger, elle leur répondait :

C’est normal ! Tous les hommes sont comme ça. Tout ce qui les intéresse c’est le sexe. Il faut d’abord coucher si on veut pouvoir discuter un peu.

Elle était prête à tout pour un peu d’affection. Juste le minimum. Elle aurait voulu que quelqu'un la prenne dans ses bras, un mec qui l’écoute et qui lui parle. Un mec sur qui elle peut compter, quelqu’un qui la respecte.

Lucie a passé toute sa jeunesse à se demander pourquoi c’était si difficile :

Pourquoi les autres ont tout ce qu’elles veulent ? Pourquoi elles se marient toutes ? Pourquoi c’est si facile pour elles de fonder une famille, de faire des enfants ? Et moi alors ?!

Elle pensait que tout était de sa faute, qu’elle s’y prenait mal. Elle aurait fait n’importe quoi pour avoir des enfants. Elle aurait accepté n’importe quel crétin qui veuille bien devenir père, mais c’était tout simplement introuvable.

Aucun homme ne voulait être père.

C’était à peine, si elle pouvait aborder le sujet. Les hommes paniquaient rien qu’en entendant le mot « bébé ». Si elle faisait l’erreur de laisser penser qu’un jour elle pouvait tomber enceinte ou pire encore, qu’elle voudrait le garder, ils disparaissaient.

Comment faire pour trouver un mec qui veut des enfants ? Ça existe au moins ? Je n'en veux que deux ou trois, pas plus. Mais comment font les autres ?!

Quand elle demandait, les autres lui répondaient que leur grossesse était une « surprise ». Elles disaient toutes qu’elles ne s’y attendaient pas et qu’elles n’avaient rien prévu. Ça leur était tout simplement tombé dessus.

Juste comme ça.

Lucie tombait des nues. Non pas parce qu’elle trouvait injuste que ce soit si facile pour elles, mais tout simplement parce que les hommes restaient ! Pire encore, ils les épousaient ! Ils se sentaient liés pour toujours et responsable d’une autre vie !

Les hommes étaient heureux d’être père.

Les hommes prenaient tout d’un coup conscience que la vie, c’était autre chose que de s'amuser, boire et faire la fête. Ils devenaient de bons pères de famille respectueux des femmes, qui s’occupent des enfants et qui construisent un foyer aimant.

Même dans ses rêves les plus fous, Lucie n’envisageait pas la moindre seconde, que ces hommes qui la traitaient comme une moins que rien, pouvaient changer :

Sérieusement ? Un homme ? Un homme peut faire ça ? Ça existe ? C’est possible !?

Les autres femmes jouaient les étonnées :

Bah Oui !

Et c’est comme ça que Lucie est arrivée à la conclusion, que pour obtenir ce qu’elle voulait, elle devait tomber enceinte « par surprise ».

Elle n’a pas tout de suite manigancé contre les hommes. Elle ne les détestait pas encore assez pour leur faire un coup si bas. Mais de toute façon, elle devait d’abord commencer par identifier sa cible. Il fallait qu’il soit certes un peu faiblard, mais surtout riche, très riche.

Identifier le géniteur.

Il lui fallait un petit bourgeois, un petit catho coincé, de la « vielle France catholique », qui ne lui demanderait jamais d’avorter. Un mec avec des valeurs morales qui lui imposeraient d’assumer sa paternité.

Elle savait où les trouver. Elle savait comment attirer leur attention. Elle savait comment se comporter, s’habiller, se coiffer et se maquiller. Elle n’avait qu’à ressortir ces vieux vêtements, qu’elle s’était jurée de ne plus jamais reporter.

Il lui a fallu un peu de temps pour sauter le pas, quelques verres aussi, mais pas tant que ça finalement. Ce n’était pas aussi difficile qu’elle l’avait imaginé. À ses yeux, faire du mal à un homme avait presque quelque chose de jouissif. Lucie se vengeait enfin.

Pour l’anniversaire de ses 36 ans, Lucie a décidé de s’offrir un bébé.

Elle savait trés bien que ce qu'elle faisait était mal, mais elle est quand même partie en chasse un vendredi soir, en sachant pertinemment qu’elle ne rentrerait pas seule. Lucie a toujours été douée pour attirer les hommes avec un petit coup dans le nez, alors elle a trouvé facilement son « donneur ».

Une gueule d’ange, un gendre idéal.

Elle a trouvé l’homme parfait. Il avait autour du cou un discret crucifix austère, sans fioriture, qui devait sans doute lui rappeler d’agir selon les préceptes de la bible. Un bon monsieur, dans sa belle chemise, qui sort tout juste du bureau et qui décide d’aller boire une petite bière avec ses collègues, avant de rentrer tranquillement à la maison.

Ce vendredi-là, serait le dernier jour de sa vie de jeune homme naïf et stupide. Sa vie basculerait à tout jamais dans un profond désespoir qui le détruirait à tout jamais.

Jean-Marc, s’est fait violer le vendredi 12 mai 2023 à 22:43, par une jeune femme qui répondait au nom de Lucie.

Le pauvre n’avait aucune chance. Lucie avait tout prévu. Elle s’était bien renseignée avant d’agir. Période d’ovulation, protections contre les maladies sexuellement transmissibles, suivi médical, protection juridique et bien sûr le plus important : pension alimentaire.

Lucie a bien compris qu’en France les hommes n’ont aucune chance de gagner un procès pour « paternité imposée » et une pension alimentaire de petit bourgeois, ça peut rapporter gros. Cette fois-ci, c’est à son tour de profiter de leur naïveté. Lucie se venge, au nom de toutes les femmes, qui comme elles, se sont fait avoir par un mec.

Le lendemain de sa petite sauterie, Lucie a d’abord joué le jeu de la jeune femme naïve qui attends désespérément que le monsieur dédaigne la rappeler. Elle lui a envoyé sur Whatsapp, les petits messages habituels qui font peur aux hommes :

Bonjour Jean-Marc, j’ai passé une très belle soirée avec toi, je suis très heureuse de t’avoir rencontré.

Bien sûr, Jean-Marc n’a pas répondu, alors quelques jours plus tard, Lucie sort l’artillerie lourde :

Salut c’est Lucie, comment vas-tu ?

Là encore, Jean-Marc l’ignore. Elle a d’abord pensée qu’elle était allée trop loin, qu’elle lui en demandait trop, mais quelques jours plus tard, elle le « harcèle » à nouveau d'un :

C’était sympa la dernière fois, tu veux qu’on se revoie ?

Là non plus, Jean-Marc ne répond pas.

Lucie était quand même un peu en colère. Son silence l’a blessée. Elle n’avait aucune raison de se plaindre puisque c’était elle qui avait tout manigancé, mais quand même ! Elle a eu le cœur brisé. Elle aurait voulu que pour une fois, les choses se passent bien.

Comme prévu, Lucie est tombée enceinte. Elle finit par prévenir Jean-Marc qu’il allait devenir papa, et comme vous pouvez l’imaginer, il l'a TRÈS TRÈS TRÈS MAL pris.

Jean-Marc est passé par toutes les étapes du deuil.

Il a bien sûr d’abord été choqué, puis a nié être le père de l’enfant. Après ça, il s'est mis en colère et enfin, il a tenté de marchander. L’imbécile croyait pouvoir retrouver sa liberté. Quelques temps plus tard, Jean-Marc finit pas se résigner. Ce qui l’a rendu très malheureux.

Il faut tout de même préciser qu’il l’a tout de même un peu insulté. Il était à deux doigt d’utiliser la violence quand il l’a traité de « grosse pétasse », mais finalement, il a préféré s'abstenir.

Sa tristesse l’a fait sombrer dans une profonde dépression qui a quasiment causé sa perte. Ça n’a pas été facile pour lui d’accepter qu’il allait devenir père, mais il a fini par faire avec.

Aujourd’hui encore, il en souffre. Il s’en veut d’avoir un jour posé les yeux sur elle. Il pense que tout est de sa faute. Il a bien quelques pensées de temps en temps pour son fils, mais il ne l’a jamais accepté dans sa vie.

Jean-Marc a toujours refusé de le rencontrer.

Lucie de son côté est ravie. Jean-Marc lui verse tous les mois, une grosse pension alimentaire de plusieurs milliers d’euros et la laisse élever son fils seule, comme elle l’entend. Lucie a eu ce qu’elle voulait et c’est la seule chose qui compte.

La violeuse
La violeuse.
[Christian DROUET / STUDIO CREATIVE PARTNER]

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Le petit sondage

Le petit sondage
Faire un enfant dans le dos n’est pas illégal et n’est pas reconnu comme un viol par la loi, pourtant les hommes qui subissent des paternités imposées se disent « victimes de viol ». Est-ce que Lucie est une « Violeuse » d’hommes ?
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Veuillez sélectionner une option existante ou entrer la vôtre, mais pas les deux.
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Commentaires (3)

Classé 3 sur 5 et sur 2 votant
Ce commentaire a été modéré par le modérateur du site

Super texte !

  1. 3 / 5
Ce commentaire a été modéré par le modérateur du site

Moi aussi je trouve ce texte extraordinaire !

  1. 2 / 5
Ce commentaire a été modéré par le modérateur du site

Salut

  1. 3.5 / 5
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